Une arrivée... inattendue ?

Messages : 8 Date d'inscription : 07/02/2011

Sur le retour de son interminable voyage, la brunette avait admiré de loin la silhouette de ce village si cher à son coeur. Il était encore bien tôt pour les dolois. Elle ne trouverai certainement personne debout à cette heure, à part le guet qui veillait jour et nuit sur les remparts.

En cette saison il était bien plus aisé de voyager car le soleil se levait tôt et se couchait tard. C'est ainsi que Line s'était remise en route dès le levé du soleil, ses maigres affaires de campement sur l'épaule et tout le reste dans un sac besace en gros cuir.

Ce matin-là Dole etait auréolée de brume. Un panorama sublime pour lequel elle ne regretterait jamais de s'être choisi une voie itinérante plutôt que sédentaire.

Cela dit son coeur était ancré quelque part. Et elle se promettait de toujours revenir régulièrement dans ce quelque part qui représentait à la fois son passé mais aussi sa famille et ses amis chers.

Après avoir salué le guet puis déposé ses affaires dans sa chaumière, Line se débarrassa de la poussière des chemins et de la crasse des voyages puis s'installa sur sa terrasse pour se délasser un moment. Décidément elle partait chaque fois trop longtemps et le manque se faisait de plus en plus présent, tout comme -son regard balayait à présent son jardin- l'herbe de plus en plus haute à chaque retour.

- Qu'importe. J'aurais bien le temps de m'en occuper plus tard.

Comme saisie d'une envie soudaine, elle reprenait la rue des Maraudeurs en sens inverse à peine quelques minutes plus tard, en direction du domaine de son amie.

Le fait qu'elle ait pu ne pas être chez elle ne lui avait pas effleuré l'esprit un seul instant, ni même que la bienséance voulait qu'on apportât un présent lorsque l'on s'invitait. Yar ne s'encombrerait certainement pas de manières à son égard. Elles se connaissaient depuis toujours, semblait-il.

Cela dit ce fait lui traversa l'esprit en même temps que l'odeur du pain chaud lui emplissait les narines. A cette heure-ci nul doute qu'il serait bien frais et que cela ferait un présent fort adapté à sa visite. Un petit détour s'imposait.

Elle acheta un gros pain aux graines et une bonne part de tome fraiche deux rues plus haut. Ses achats sous le bras, elle se dirigea donc, guillerette, jusqu'au domaine devant lequel les grandes grilles étaient encore closes.

Pourvu que l'intendant ne soit pas bien loin.

Messages : 8 Date d'inscription : 07/02/2011

Pas de traces de l'intendant. Où pouvait-il bien être ?

Line scrutait à l'intérieur dans l'espoir d'apercevoir quelqu'un. Il ne semblait pas encore y avoir beaucoup d'agitation. Était-il encore trop tôt ? Sans doute pas, même si les visites ne se faisaient pas à l'aube en temps normal. Enfin, sûrement pas sans avoir prévenu auparavant.

Son regard s'attarda sur les parterres. Le domaine de son amie était toujours aussi bien entretenu. Rien à voir avec son jardin, rempli d'herbes hautes poussant en tout sens. Cela dit, ce qu'il y avait de bien avec les "mauvaises" herbes, c'est qu'il n'y avait pas à s'en occuper et qu'elles produisaient, pour la plupart, de jolies fleurs colorées, si l'on oubliait les piquants, les feuilles irritantes et autres attributs dans le même genre.

Les grilles du domaine renvoyèrent en écho les huit coups sonores du clocher dolois. Certains passants commençaient à arpenter les rues alentour. Dole n'était pas peuplé outre mesure, et pourtant elle connaissait très peu de monde par ici. Peut-être même de moins en moins à cause de ses absences répétées. De plus, peu étaient enclin à se mêler aux habitants des bas-quartiers.

Adossée au mur adjacent aux grilles, Line les observa passer distraitement. Ce n'étaient pas le genre de ceux qui gravissaient sa rue en temps normal. Il n'y avait pas cette souffrance dans leur yeux, ni cette peine sur leurs visages. Leurs vêtements semblaient de meilleure facture que les siens, malgré ses talents de couturière, et leurs mains ne semblaient pas aussi calleuses que celles des hommes des Maraudeurs. Elle se perdit doucement dans ses pensées, faisant fi des regards soupçonneux que lui jetaient certaines personnes en la voyant faire le pied de grue devant le domaine comme une vulgaire mendiante.

Messages : 8 Date d'inscription : 07/02/2011

Après ce qu'il lui avait semblé une éternité passées aux grilles du domaine, Line dû se rendre à l'évidence que son amie n'était surement pas en sa demeure comme elle l'avait si vivement espéré.

Quelque part, ce n'était peut-être pas plus mal en l'instant présent, car pour passer le temps, Line avait d'abord rompu la miche de pain qu'elle avait apportée pour son amie. Rien qu'un minuscule morceau, ridiculement petit. Après l'avoir mangé, elle s'était dit qu'elle goûterait bien aussi la tome qu'elle avait achetée au fromager, voir si elle valait vraiment le coup. Avouez qu'il serait déplacé d'offrir quelque chose de mauvais à son amie. Bien que l'odeur qu'elle dégageait disait clairement le contraire. Pour être honnête, c'est surtout pour ça qu'elle l'avait goûtée.

Et puis, l'intendant ne montrant toujours pas le bout de son nez, elle avait grignoté ses ex-présents tant et si bien qu'il n'en restait plus qu'un petit morceau de chaque. Ridiculement... affligeant. Après un léger soupir, Line fourragea le reste du pain et de la tome dans sa besace.

Dix heures venaient de sonner, il était temps de rentrer dormir. La nuit porte conseil, dit-on, même s'il subsiste un léger doute quant au fait qu'elle puise dormir, justement. Il faut dire que la rue des Maraudeurs est souvent agitée, même la nuit. A cette heure-ci, beaucoup étaient dehors. Elle avait hâte de saluer ses voisins, à défaut d'avoir pu voir Yarwelh.

Pressant le pas, elle regagna sa rue, une autre idée germant dans son esprit. Plus tard. Présentement, elle offrait les maigres restes de ses vivres au petit Aristide, qu'elle avait à peine reconnu tant il avait grandi. Décidément, il faudrait penser à se poser quelques temps à Dole au lieu de courir les chemins. Ça lui donnerait une bonne raison de refleurir son jardin, les piquants en moins. Il allait falloir y réfléchir.